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26 octobre 2009 1 26 /10 /octobre /2009 20:01

Premier séjour, février 2003, l’hiver sévissait, la neige donnait à Istanbul un air feutré à la limite de l’irréel. Avec, Sylvie, ma compagne de voyage, nous avons passé une semaine joyeuse et désordonnée à dépenser sans compter nos millions de livres turques, à commander plus de mezzés que nous ne pouvions en manger, à chercher un hammam qui était sous nos yeux, à entrer dans les pâtisseries pour nous gaver de délicieux gâteaux dégoulinants de miel, à boire du thé pour nous réchauffer sur le Bosphore, à fêter ses trente ans mais bien évidemment nous avons aussi visité autant de sites recommandés par les bons guides touristiques que nous pouvions. Au sortir des mosquées, le vendredi, les manifestants protestaient contre l’éventualité d’une guerre en Irak, rejoignant le chœur d’une manifestation plus vaste qui se déroulait à l’échelle du nord de la planète

Deuxième séjour, fin d’été 2006, un soleil flamboyant et des soirées douces sur les rives du Bosphore. La livre turque avait perdu des zéros et la ligne de tramway poursuivait sa route, trois stations au delà du pont Galata. Avec Mylène, nous avons passé une journée aux îles, une soirée en observation à Eminönu, nous avons admiré la plénitude de la lune chacune sur un continent différent, nous avons flâné à Taksim et bien évidemment nous avons visité quelques sites recommandés par les bons guides et marché, marché dans les ruelles, les avenues, le matin, le soir, plus ou moins au hasard. L’affaire du moment concernait l’envoi d’un contingent de l’armée turque au Liban pour une mission humanitaire et logistique. Plusieurs milliers de manifestants protestaient contre ce qu’il considérait être un soutien aux américains et aux Israéliens.

Les impressions glanées confortaient l’idée que la ville faisait semblant de se laissait apprivoiser pour mieux dissimuler sa complexité. Les romans des écrivains orientalistes du 19e siècle : Lamartine, Loti, Chateaubriand,… tombés sous le charme d’Istanbul servent encore de matrice aux représentations que nous avons de l’Orient et bien que sachant ces descriptions largement surannées, il n’en reste pas moins que nous tombons sous le charme de cette ambiance dans laquelle plane tout l’imaginaire collectif de l’Orient. Parfois dans l’œil du viseur de l’appareil photographique, je me surprenais à chercher les images qui correspondraient le mieux à mes propres représentations d’Istanbul, un défaut qui nous colle à la peau en voyage, la recherche d’un exotisme. On débarque dans la ville chargée de ses clichés et l’on se trouve dans le tourbillon d’une métropole contemporaine. La ville turque est entrée dans le 21e siècle avec ses contradictions et ses grands écarts, avec ses étonnantes cohabitations architecturales, religieuses, générationnelles, .peut-être un peu plus exacerbées qu’ailleurs en raison de la position géopolitique du pays. Et Istanbul est bien vivante, ancrée dans le présent même si au détour d’une ruelle, un sentiment d’intemporalité vous saisit qui fige l’instant pour vous mettre à l’abri du temps, juste pour mieux apprécier la ville- monde.


Istanbul ne laisse personne indifférent. Comme toutes les villes que le poids de l’histoire et de la culture rendent attirantes, elle s’appréhende le plus souvent par sa partie ancienne, la corne d’or. Cette option se justifie par la richesse et la magnificence des édifices : mosquées, palais, bazars,… mais aussi par l’animation des rues. Mais il ne faudrait pas s’en tenir là. Comme toutes les villes, elle présente de multiples visages qu’il faut du temps pour découvrir. Je n’aurai aucunement la prétention de tous les connaître mais j’en ai retiré quelques impressions suffisamment fortes pour tenter de les transcrire et avoir l’envie d’y retourner en chercher d’autres.

Marie-France vit à Istanbul depuis quelques années. Elle a déjà eu les honneurs de la presse en Turquie, notamment pour son blog http://dumielauxepices.net/ qui fait désormais référence, elle livre principalement la vie stanbouliote telle qu’elle la vit, telle qu’elle la voit. Bien écrit, richement illustré, ni trop intime ni trop distant, il offre un regard actuel sur le pays que les voyageurs feraient bien d’adopter avant de s’y rendre pour éviter de regarder uniquement vers le passé et d'éviter le présent dont la modernité s'est emparée que nous n'avons pas envie de voir là.

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